Hit the road Jack

La Malaisie. Quelle belle surprise. La question venait souvent : "Et la Malaisie, vous comptez y aller ?". Non. Nous ne voulions pas spécialement éviter ce pays, nous n'y avions juste pas pensé. Ce n'est pas vraiment une destination première en France et c'est bien dommage.

Kuala Lumpur n'a rien à envier aux capitales européennes. Quartier festif, quartier chinois, quartier indien, quartier d'affaire, monuments touristiques, art de rue, transports en communs, agglomération connectée, réseau d'eau potable... Si nous mettions de côté les femmes voilées et les magnifiques mosquées nous nous pensions presque en France.

Les malaisiens font également très occidentaux dans leur manière de s'habiller, de se comporter... Bref choc culturel mais inversé.
Nous y étions accueillies par A. malaisien de Bornéo d'une quarantaines d'années inscrit sur le site "couchsurfing". Un grand voyageur autodidacte, ou presque, qui nous permit de découvrir la capitale. Passer quelques jours dans un appartement avec une cuisine où nous avons pu cuisiner, une salle de bain aménagée, la télévision en anglais, un canapé et la possibilité de boire au robinet, fut vraiment agréable.

Penang. Une ile au nord de KL qui abrite Georgetown, une ancienne ville coloniale connue pour sa nourriture abondante, diversifiée et vraiment pas cher.
Ses rues sentent les épices indiennes, sont jonchées de repas chinois et tapissees de "street art". Les bâtiments historiques rappellent l'Europe alors que les femmes et les mosquées nous transportent au Maghreb tandis que les temples nous ramènent en Asie. C'est cette mixité culturelle qui fait le charme de la ville.
Nous passâmes la dernière journée au nord-ouest de l'île au Parc national. Pour s'y rendre il faut prendre un bus local ultra climatisé pendant environ une heure et demie. L'entrée du parc est gratuite, les circuits de randonnées sont biens aménagés et agréables. Vous avez la possibilité d'y camper, pêcher, se baigner et avec un peu de chance observer les gibbons ! Une très belle journée, pour un très bel endroit.

Pulau Perhentian. Encore des îles. Nous ne voulons pas paraitre blasées mais nous ne comptions pas nous y attarder. C'était sans compter sur la tente en location, pour vingt ringits, sur la paisible plage de coral bay. Ni sur le super accueil du staff de Maya guest house. Ni sur la gentillesse des îliens.
Un jour: repos. Deux jours: snorkeling. Trois jours: rando. Quatre jours: ça suffit on va s'enraciner. Cinq jours: enfin on décolle. Ou plutôt navigons vers la métropole.

Nous nous dirigeâmes avec enthousiasme vers le lac Tasik Kenyir. Bon, certes, c'est un joli-grand-lac mais également un endroit-encore-en-construction-remplit-de-resorts-hors-de-prix. Heureusement nous trouvâmes une tente pour dix ringits et prévoyons de repartir le lendemain. Nous y passâmes cependant une agréable soirée BBQ en compagnie de jeunes pêcheurs.

Taram negara "l’une des plus anciennes forêts tropicales du monde. On estime qu’elle existe depuis 130 millions d’années. Littéralement, « Taman Negara » signifie « parc national » en malais. Elle héberge un écosystème riche et complexe.". Nous ne voulions pas manquer cela. Mais quelle histoire pour y arriver. Ah oui, je vous en parlerai plus en details mais nous nous déplacions en stop à travers la Malaisie et Taram Negara est une jungle. Autrement dit une seule route y mène. Elle se situe dans le sud, soit un joli détour en perspective.

Nous n'avions pas reussit à faire le trajet en une seule journée. Nous restâmes donc pour la nuit dans une ville un peu glauque, Mentakab. Cependant le lendemain en deux heures nous atteignimes le village du parc. Lors du trajet, nous rencontrâmes un jeune ingénieur malais qui travaille dans une plantation familiale d'huile de palme. Il nous expliqua sont fonctionnement et nous fît même une petite visite guidée. A mon tour de partager ma science:

L'huile de palme est la plus consommée au monde. Utilisée dans de nombreux produits alimentaires et cosmétiques, elle sert également à la production du "bio-carburant". Environ 85% de sa production mondiale provient des plantations indonésiennes et malaisiennes, un marché en pleine essor qui voit la demande croitre de 8,7% par an depuis 1995. Elle contribue largement à la déforestation des pays tropicaux.
Une déforestation possible, comme nous l'expliquait ce jeune entrepreneur, en partie car le roi est propriétaire des forêts malaisiennes. " Si il a besoin d'argent, ou simplement envie, il en donne une partie aux plus offrants qui auront le droit d'en faire ce qu'ils veulent ". Ainsi toute la route menant au parc est bordée de plantations, ou de grandes parcelles nouvellement désertes.
Pour l'anecdote, nous nous attendions à une route en très mauvais état et très peu fréquentée pour se rendre au parc. Des informations que nous avions glanées sur internet et d'après les agences de voyages qui privilégiaient d'y aller en bateau. Mais non, la route était superbe. En interrogeant notre conducteur, il raconta qu'elle avait été refaite l'année dernière car le roi avait annoncé une visite imminente. Le gouverneur avait donc exigé une belle et praticable route dans les plus bref délais. Au dernier moment le roi décida de s'y rendre... En hélicoptère.

Notre nouvel ami nous fît donc visiter la pre-nursery où les graines sont plantées et où les jeunes pousses resteront pendant trois mois à l'abrit du soleil. Les jeunes palmiers à huile sont ensuite déplacés à la nursery où ils seront arrosés abondamment deux fois par jour, pendant une heure complète. A un an et demie, les arbres sont replantés dans les champs où leurs huiles seront récoltées jusqu'à leur vingt-cinq ou trentième années. Ensuite ils seront coupés et de nouveaux viendront prendre leur place.
De l'eau, de l'ombre et des fertilisants. Lorsque je l'ai interrogé sur les OGM, il m'a expliqué qu'il étaient en cours d'expérimentation. La demande augmentant sans cesse, il faut "trouver une solution". Heureusement, une zone protégée existe, le parc taman Negara. " pour les générations futures, pour qu'elles sachent ce qu'est la vrai jungle" disait-il. Avec ses éléphants, ses singes, ses ours...et même des tigres !
En effet, le parc fut à la hauteur de nos attentes.

Ce qu'on retiendra cependant avant toutes choses en Malaisie ce sont les gens. Nous nous sommes deplacees en stop tout au long de notre periple. Pour une question de budjet evidemment mais egalement parce que nous savions que ce serait le meilleur moyen de sortir des sentiers battus. Nous n'etions pas sur que cela fonctionnerait. Maintenant nous pouvons l'affirmer LE STOP EN MALAISIE MARCHE TRES BIEN. 

Non seulement nous n'avons pas eu a attendre longtemps avant de trouver des voitures, camions ou autres engins a moteur, mais les malaisiens ont tres vite compris le principe ce qui nous evita les conversations genantes, que nous redoutions, concernant l'argent. Au dela de cet aspect pratique les Malaisiens etaient adorables. Nous invitant a manger, faisant un detour de plus de cinquante kilometres, nous hebergeant ou tout simplement en discuttant, ils ont tous contribue au nouvel amour que nous portons a ce pays.