Trois fourmis en Birmanie

27/06/2015 13:03

Renomée depuis 1989 Myanmar, c'est l'une des raisons principales de ma venue en Asie. Grande admiratrice d'Aung San Suu Kyi, j'ai toujours rêvé d'aller voir de mes propres yeux ce pays à qui elle a donné sa vie.Pour les non-avertis, Aung San Suu Kyi est la fille du leader de la libération, le général Aung San, assassiné en 1947. Elevée en Inde et en Grande Bretagne, elle ne revient en Birmanie qu'en 1988 pour soigner sa mère malade. La même année, le général Ne Win, à la tête d'une junte militaire depuis, 1962 est obligé de démissioner. Encouragée par les troubles qui suivent cet évènement et influencée par les idéologies passifistes de Gandhi ou encore Martin Luther King, Suu Kyi fonde en 1988 la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND). La popularité du parti va amener la junte militaire en place à l'assigner à résidence en 1989. Ce qui n'empecha pas la LND de remporter les élections de 1990 à plus de 80%. Une victoire qui n'a jamais été reconnue et n'a fait qu'accroître la répression et les persécutions vis a vis de l'opposition et des minorités éthniques.Prix Nobel de la paix en 1991, Aung San Suu Kyi est liberée le 13 novembre 2010 et élue députée le 1er avril 2012. Aujourd'hui critiquée pour sa complaisance à l'égard de l'armée et son attitude dans les heurts intercommunautaires qui agitent le pays, elle reste l'espoir du peuple Birman à l'approche des élections.

" La Birmanie sera encore la pendant de nombreuses années, alors rendez-nous visite plus tard. Nous rendre visite maintenant reviendrait à cautionner le régime actuel." Des propos tenus par Aung San Suu Kyi en 1999 qui appelait au boycott lancé par les opposants dans les années 90. Aujourd'hui, si le discours a changé, le parti incite cependant à la prudence des voyageurs quand aux conséquences néfastes que peut avoir un touriste non éclairé et peu soucieux des populations locales et de l'environnement.Aussi avertit que nous pouvions l'être, nous n'avons pu éviter certains pièges. Il est vrai que comme le vendent les agences de voyages, Myanmar est un pays magnifique et la population est adorable. Mais il est impossible de sortir des sentiers battus et nous ne découvrions que ce que le gourverment nous autorisait à voir. De plus la politique "incitant" la population à entrer le moins possible en contact avec les étrangers ne nous aidait pas à en apprendre d'avantages par nous même.Bien sûr je ne suis pas en train de dire que la population nous ignorait, bien au contraire. Dans un pays ouvert aux touristes depuis peu, nous étions loin de passer inaperçus et attisions la curiosité. Cependant, nous ne pouvions prendre le risque de dépasser la simple conversation superficielle aussi bien à cause de la barrière de la langue que pour leur sécurité. Bien que les questions indiscrètes m'ont titillée plus d'une fois.

Nous suivîmes donc les passages touristiques conseillés ou plutôt autorisés.Des endroits magnifiques où nous essayions au maximum de consommer local, d'éviter les hébergements gouvernementaux ou les taxes. En effet, plus de la moitié des hôtels appartiennent aux grandes familles militaires, il était donc importants de les éviter. Bien sûr, nous ne pouvions en être certains mais les grands portraits d'Aung San Suu Kyi dans les établissement nous rassuraient dans notre choix.De plus, les hôtels en Birmanie doivent détenir une licence pour héberger les touristes étrangers. Ce qui permet au gouvernement de nous contenir dans un endroit nous empêchant ainsi de trop nous éloigner.

Chaque place touristique a sa "taxe étrangers". Une sorte de ticket autorisant la visite. Une taxe que nous avons essayé d'éviter sans grands succès. Alors que nous choisissions des transports locaux comme le train par exemple, indéniablement le taxi que nous étions obliger de prendre à cause de la mise à distance des gares, nous fesaient passer par les postes d'immigrations. Certains y sont parvenus, pas nous. Au grand dam de nos idéologies et de notre porte monnaie. Voyager indépendamment des tours opérateurs c'est une chose, éviter totallement de donner de l'argent au gouvernement en est une autre...Outre la question financi4re - qui soit dit en passant nous a légèrement surpris. Nous étions prévenus que l'hébergement et les transports étaient plus chers que dans le reste de l'Asie mais à ce point.. Heureusement, le prix de la nourriture nous permit de rester dans notre budget. Avoir conscience des conditions de vies et de l'atteinte aux droits de l'homme dans le pays nous permit de voir au delà de ce que nous regardions.

Sur la grandiosite de Bangan, n'oublions pas les deportations de populations engendrees par l'afflux touristique, les renovations qui degradent le patrimoine historique du site. Des renovations et constructions qui ont lieu sur tout les grands sites touristiques Birmans. Faites en grande partie par le travail force.

Sur la beautee des paysages, observons les conditions de vie et la pauvrete sur le bord des routes.

Dans les stations balneaires, visitons les villages environnants et prenons le temps de discuter ou seulement boire un the avec ses habitants.

Sans l'avoir vu, nous avons pu entendre parler et ressenti dans certains discours les conflits si ce n'est de veritables massacres a l'encontre des musulmans de l'Etat d'Arakane. Sujet sur lequel Aung San Suu Kyi reste muette, pendant que le Dalai-Lama condamne ces agressions effectuees par des moines bouddhistes fanatiques, sous le regard complice de la junte militaire.

Enfin respectons au maximum les coutumes locales, meme si cela implique de se couvrir des epaules aux genous sous 45 degres...

Finalement si nous n'avons pas l'occasion en tant que touristes de faire grand chose, ma participation est la: le partage. Comme le demande l'association Info Birmanie "contribuer a la sensibilisation sur le tourisme responsable".

Nous n'avons pas ete de parfais militants pour des raisons surtout budgetaires mais nous avons fait au mieux.

La Birmanie est un pays qui merite d'etre connu et sa population est dans une dynamique de changement. Un dynamique que nous voyageurs independants ne pouvons que tenter de soutenir.

De plus je suis desormais perdu au milieu de la jungle malaisienne. Je m'improvise professeur d'anglais pour un mois, sans internet

Patience je raconterai tout ca des que possible)